Je devrais dire tout.e.s, mais je n’aime pas trop l’écriture inclusive, donc il faudra bien que vous l’acceptiez telle quelle.
Au vu de certaines circonstances actuelles, s’il y a une chose que j’apprécie encore plus dans la Réformation, c’est l’abolition du culte des saints. Ce n’est évidemment pas la chose la plus importante dans la pensée des Réformateurs, mais en supprimant le culte des saints, ils ont voulu insister sur la seule médiation du Christ entre Dieu et les hommes, suivant en cela différents textes du Nouveau Testament.
Or, comme les réformateurs considéraient la Bible comme seule autorité…c.q.f.d.
C’est ainsi qu’a disparu aussi de la pratique protestante le culte marial.
Mais revenons à nos saints.
Qui sont les saints dans le Nouveau testament ?
Ils sont les membres du corps de Christ, qui sont sauvés par la grâce, par le moyen de la foi (Éphésiens 2.8-9). Autrement dit, saint est celui (celle) qui est sanctifié par Dieu, c’est un chrétien, un croyant authentique dans le Seigneur Jésus-Christ.
Lorsque l’apôtre Paul s’adresse aux membres des Eglises, il les appelle « saints », au début de l’épître aux Ephésiens, par exemple :
« Paul, apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu, aux saints qui sont à Éphèse et aux fidèles en Jésus Christ… »
Il n’est donc pas question dans le Nouveau Testament, de personnes qui par des mérites individuels spéciaux, des qualités personnelles, des actions extraordinaires, auraient gagné un statut supérieur aux autres chrétiens.
Mais alors qui décide aujourd’hui de la sainteté de telle ou telle personne ?
La canonisation est le processus par lequel l’Église catholique proclame officiellement qu’une personne est sainte. Relevant de la décision du pape, la canonisation reconnaît ainsi l’exemplarité de la personne ainsi que la relation particulière qu’elle a su tisser avec Dieu.
Nous y sommes. Le nœud du problème est là pour les réformés bon teint : la sainteté d’untel relève de la décision d’une instance humaine, d’un homme faillible (excusez-moi, chers amis catholiques) et nous voyons maintenant les dérives qui peuvent advenir lors du choix de tel ou tel saint, lorsque la sainteté devient un outil politique ou moral ou d’ingérence dans la législation d’un pays.
Je vais parler clairement. Si le pape actuel désire béatifier un de nos rois qui a fait de l’objection de conscience quant à l’avortement, il devrait réfléchir à deux fois, car on rapporte que le même roi a été au courant et a cautionné l’assassinat de Lumumba au Congo. Est-ce digne d’un saint homme ?
De plus, le même roi ne rechignait pas à prendre des vacances avec le dictateur Franco qui emprisonnait les militaires protestants qui ne voulaient pas s’agenouiller au passage du saint sacrement lors des processions (je lisais dans ma jeunesse le petit fascicule diffusé par l’Eglise protestante d’Espagne qui rapportait les persécutions et brimades subies par cette Eglise).
Je ne cherche pas à choquer, j’aime trop mes amis catholiques pour cela.
L’affaire de l’Abbé Pierre m’a outrée, en tant que femme et en tant que chrétienne. Là encore, on a fait de cet homme presque un saint.
Et des gens savaient qu’il avait de sérieux problèmes d’ordre sexuel et ils se sont tus…
Où est la sainteté là encore ?
Oui, nous sommes tous pécheurs, mais certains plus que d’autres, et mettre sa confiance et son adoration dans d’autres pécheurs, non merci.
Que savons-nous des pensées de ceux (et celles) qui apparemment « méritent » d’être appelés saints ?
Il faut être assez humble pour avouer que les pensées peuvent à la fois baigner dans la fange et atteindre au sublime.
C’est au Seigneur de faire le tri entre l’ivraie et le bon grain, Lui qui nous utilise dans notre faiblesse et nos imperfections pour travailler dans les champs de Son Eglise.
Et comme disait Calvin : Soli Deo gloria. A Dieu seul soit la gloire.
Yvette Vanescotte
Image : ideogram AI
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